Les Sunlights

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Trois frères BRUNO, ALDO et SERGE COGONI aiment la musique et jouent dans les fêtes patronales, les fêtes de quartier et les kermesses. Ils sont rejoints par JEAN PAUL VAN HOUTTE. Ce quatuor va passer des fêtes de quartiers aux tournées dans toute la FRANCE et aux studios d’enregistrement en quelques mois.

De parents originaires de SARDAIGNE, ayant émigré en France à SAINT ETIENNE d’abord, où est nés SERGE en 1938, ALDO en 1939, BRUNO est né en 43 en Sardaigne où la famille était retournée quelques années avant de revenir en France et plus particulièrement dans le Nord à ROUBAIX.

Attirés par la musique sous l’influence de leur père, ils forment un petit orchestre dès 1956 : les succès de l’époque en particulier de MARINO MARINI, BOB AZZAM. BRUNO, ALDO et SERGE jouaient les airs à la mode qui passaient à la radio, contrairement aux orchestres de l’époque qui jouaient le répertoire habituel des orchestres de danse sans se soucier des airs connus du moment. C’est à cette rude école du public que nos jeunes musiciens ont affiné leur technique.

Revenons à nos musiciens :

SERGE est l’aîné, il a 24 ans en 62, il a été ajusteur, il joue de la guitare rythmique, c’est le bricoleur du groupe.
ALDO a 23 ans en 62, il a été tisserand avant de tenir la batterie.
BRUNO est le benjamin, a été ajusteur avant de devenir le guitariste solo. Il a 19 ans en 62.
JEAN PAUL VAN HOUTTE a 18 ans, il tient la guitare basse, il a été décorateur et a fait 8 ans de musique au conservatoire. Il est belge.

Le tournant de la vie des SUNLIGHTS, c’est leur rencontre avec JEAN VAN LOO, qui faisait ses débuts dans le slow business en animant un club à MOUCRON en Belgique, le TWENTY CLUB, où il faisait venir des groupes anglais, hollandais, français et belges.

JEAN VAN LOO initie nos jeunes musiciens au ROCK AND ROLL, et grâce à ses relations poussent notre quatuor à passer au GOLFE DROUT, où ils remporteront un tremplin. Puis, il les présente à son ami JEAN CLAUDE BERTHON, le tout jeune patron de DISCO REVUE, le magazine des jeunes, puisque SALUT LES COPAINS viendra plus tard.

JEAN CLAUDE sait que DECCA cherche un groupe instrumental pour faire concurrence au groupe que va lancer une autre maison de disques. LES SUNLIGHTS ont du métier et leur audition se conclue par un contrat. Dans la foulée, ils vont passer à la LOCOMOTIVE autre haut lieu des années 60, puis remporter le GRAND PRIX DE LA GUITARE D’OR.

Fin 62, c’est le premier disque DECCA EP 451 191 avec comme titre vedette DAY TRAIN, qui commence par le passage du Mistral, lancé à 150 à l’heure. C’était le TGV de l’époque. C’est un excellent morceau très rythmé avec un son très spécial, fruit du bricolage de SERGE.
SATURDAY NIGHT est le classique extrait du LAC DES CYGNES. La version des SUNLIGHTS est intéressante par le mélange de sons très graves et aigus des guitares.
CARAVAN c’est une bonne introduction en graves miaulements de guitare et une basse très souple.
JUST FOR JERRY est un slow très agréable, c’est aussi un classique.

Ce premier disque se vendra bien, 15 000 exemplaires c’est un début prometteur, pour un groupe nouveau. Après ce bon départ mi 63, ce sera le deuxième disque avec un titre vedette, le classique CAVALIERS DU CIEL, dans une version rapide, avec ce son, toujours aussi soigné.
C’EST A CAUSE DE TOI est le deuxième titre, c’est un morceau plus lent avec de bons solos de guitares.
VALENCIA dans une version rythmée est très bon.
ANGELITOS NEGROS reste dans le style espagnol, très flamenco, où les qualités musicales des frères COGONI sont mises en valeur.
Ce disque se vendra assez bien. A l’automne 63, ce sera la tournée avec GENE VINCENT. GENE devait être accompagné par un groupe anglais LES DRAGONS, avec lesquels il s’était déjà produit notamment au Palais des Sports. Mais pour d’obscures raisons, LES DRAGONS ne peuvent faire la tournée. JEAN VAN LOO qui connaît bien l’organisateur de la tournée JEAN CLAUDE CAMUS, l’ex assistant de BRUNO COQUATRIX à l’OLYMPIA, propose les SUNLIGHTS. Il connaît aussi GENE VINCENT, qui auditionne notre quatuor. Il les engage sur le champ.

Cette tournée qui doit sillonner la France pendant plus d’un mois propose une affiche prestigieuse avec GENE VINCENT, LES CHATS SAUVAGES, LES AIGLONS, RON ET MEL, FRANCK ADAMS et aussi MOUSTIQUE.

LES SUNLIGHTS ouvrent la soirée avec deux titres DAY TRAIN et CARAVAN. Puis ils restent sur scène pour accompagner FRANCK ADAMS, RON ET MEL et MOUSTIQUE. A l’entracte ils se changent pour s’habiller en noir et terminent le spectacle avec GENE VINCENT. Cette tournée reste un fabuleux souvenir pour LES SUNLIGHTS. Leur grand regret ainsi que celui de JEAN VAN LOO, c’est de n’avoir pu trouver un studio libre à la fin de la tournée pour enregistrer un disque avec GENE, comme ce dernier en avait émis le souhait. En effet GENE était tellement satisfait du travail des SUNLIGHTS; qu’il voulait les faire enregistrer avec lui.

Après cette tournée fin 63, ce sera le troisième disque avec en titre vedette LES MALHEURS DE SYLVIE, qui sert d’indicatif à un feuilleton radiophonique à succès. C’est un excellent titre avec une intro très accrocheuse, un bon travail à la batterie et à la basse. Depuis le dernier disque TONY, Gérard Manteau a succédé à JEAN PAUL à la basse.
THE SUN est un bon titre très western avec d’excellents riffs de guitare.
BLACK RIDER est aussi très western.
ANDALUCIA le classique bien connu, guitare miaulante, bon travail à la basse et une batterie dynamique, en font une des bonnes versions de ce grand classique.
Les ventes de ce disque seront décevantes. Néanmoins DECCA leur fait enregistrer un quatrième disque début 64. Il comprend un titre chanté EVERYBODY et les trois derniers instrumentaux enregistrés par LES SUNLIGHTS : SURF BEAT, RONNY BOY et ROOM.
SURF BEAT de DICK DALE est très bon avec une intro très saccadée. C’est une bonne version de ce classique de la SURF MUSIC.
RONNY BOY est le succès de leurs voisins belges LES JOKERS. C’est une bonne version mélancolique, avec un bon travail de SERGE à la guitare solo.
ROOM est un morceau rythmé avec des passages très syncopés, c’est un bon morceau.
Dans ce disque LES SUNLIGHTS font leurs débuts chantés avec EVERYBODY.

Ce disque se vendra très mal et marquera la fin de la carrière instrumentale des SUNLIGHTS. En fait LES SUNLIGHTS étaient un groupe instrumental malgré eux en ce sens qu’ils ont toujours aimés et voulu chanter.
Aussi pendant près d’un an et demi, ils vont travailler d’arrache pied et se transformer en groupe vocal qui va connaître le succès que l’on sait. Sous la direction de leur manager et ami de toujours, ils enregistrent LE DESERTEUR. JEAN VAN LOO va présenter le disque à LUCIEN MORISSE, le directeur des programmes d’EUROPE 1. Le disque lui plaît, il le passe à l’antenne et publie le disque sous le label maison les DISQUES AZ. Ce sera un énorme succès vendu à près d’un million d’exemplaires. C’est le début de la deuxième carrière des SUNLIGHTS.

Jean BACHELERIE

Interview


Grâce à l’amabilité de JEAN VAN LOO le réputé directeur artistique, nous avons eu le plaisir de rencontrer ALDO et SERGE COGONI, au sortir d’une répétition de l’émission de PATRICK SEBASTIEN, SEBASTIEN C’EST FOU, qui est passée le 21 mars sur TF1.

 Que sont-ils devenus ? 

ALDO et BRUNO ont un garage et une agence de locations de véhicule à TOULON. SERGE est installé à POITIERS, où il a mis ses talents de bricoleur au service de sa société de système de protection électronique. Il a notamment installé le système de sécurité du FUTUROSCOPE.

 Quand le groupe a-t-il arrêté ? 

Lorsque BRUNO a été appelé sous les drapeaux avec 10 ans de retard. Comme le dit ALDO à cette époque on devenait FRANÇAIS automatiquement à 21 ans. BRUNO a eu 21 ans en 64 ! Son départ a provoqué une cassure qu’en tant que producteur indépendant ils n’ont pas supporté.

 Qu’ont-ils fait à l’époque ? 

ALDO a formé un orchestre qui animait les soirées dansantes. BRUNO a rejoint JEAN VAN LOO comme directeur artistique de groupes comme CRAZY HORSE, ANARCHIC SYSTEM. SERGE est reconverti dans l’immobilier. Les deux anciens SUNLIGHTS, JEAN PAUL VAN HOUTTE est devenu professeur de musique et son successeur GERARD MANTEAU est représentant de commerce en DORDOGNE, son pays d’origine.

 Quels souvenirs ont-ils gardé du premier enregistrement ? 

L’enregistrement dans les studios de DECCA a été un choc, ALDO était habitué à jouer près de ses frères, il s’est retrouvé derrière sa batterie isolé dans un box loin des autres. Ce fut très dur de jouer éloigné les uns des autres.

 Les bons souvenirs ? 

Avoir enregistré JUSTE LE TEMPS DE VIVRE avec LES MOODY BLUES.

 Comment se faisait le choix des titres à enregistrer ? 

Une semaine avant l’enregistrement ils recevaient les partitions des 4 morceaux. Le choix avait été fait par le directeur artistique de chez DECCA.

 Combien durait un enregistrement ? 

2 jours environ.

 Les groupes et chanteurs qui les ont le plus influencé ? 

LES SHADOWS, bien sûr et les SPONICKS. Ils appréciaient aussi les CHATS SAUVAGES sympathiques et très professionnels. Ils étaient aussi bons sur scène qu’en disque. Ce qui était assez rare à l’époque.
LES SPOTNICKS les ont beaucoup impressionnés. Ils ont fait une tournée ensemble. Lors d’une étape, la chambre d’écho est tombée et s’est cassée. Ils l’ont immédiatement refaite et le soir ils ont pu jouer sans problèmes.
Ils étaient un peu trop en avance pour le public, qui ne les appréciait pas à leur juste valeur.
VINCE TAYLOR pour son jeu de scène et BOBBIE CLARKE ont aussi beaucoup impressionné ALDO et BRUNO. ALDO dit que BOBBIE CLARKE était extraordinaire derrière sa batterie. Quelle leçon !
Ils ont aussi tourné avec LES KINKS et LES JOKERS.

 Quelles guitares avaient-ils ? 

SERGE souligne qu’ils avaient choisi des BURNS, pour ne pas avoir les mêmes guitares que les autres, les GIBSON ou les FENDERS.

 Le CD réédité récemment signifie-t-il un nouveau départ ? 

Non, il se vend très bien, il leur permet de faire quelques télés et quelques GALAS de retrouvailles pour s’amuser, pour le plaisir.

 Pourraient-ils refaire un disque instrumental ? 

Pourquoi pas s’il y a une demande.

Discographie (CD)

Instrumental Ep Collection (Magic Records 5301562)
Day train / Saturday night (swan’s lake) / Caravan / Just for Jerry / Les cavaliers du feu / C’est à cause de toi / Valencia / Angelitos Negros / Les Malheurs de Sylvie / The sun / Black rider / Andalucia / Surf beat / Everybody / room / Ronny Boy / Pourquoi suis-je venu / Sleepwalk / Les indiens / Tommahawk / Do the dog / I’m lonely.

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