The TORNADOS

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Recherche musicien pour accompagner chanteur de R & R » telle était l’annonce qui conduisit des musiciens à rencontrer Joe Meek, le producteur avant gardiste. Le chanteur était Billy Fury. Certes ils vont l’accompagner, mais aussi lui ravir la vedette grâce à l’ingéniosité de Joe Meek, producteur, ingénieur du son et compositeur plein d’idées. Joe composera Telstar qui va devenir un tube, faisant le tour du monde, faisant des Tornados le premier groupe britannique à être numéro un aux Etats Unis. En 1962 ils sont classés par New Musical Express deuxième groupe instrumental derrière the Shadows. Quelques années plus tard en 1964 ils ne sont plus que septième. La tornade est passée.

Clem Cattini est né en août 1939 à Stoke Newington, de parents italiens, restaurateurs en Angleterre. Gamin il rêve de devenir joueur de hockey, puis s’étant cassé deux doigts, il change de direction. Il apprend la batterie et fréquente le Two I’s à Londres, où il est engagé par Terry Dene, Collin Hicks, le frère de Tommy Steele, Duffy Power, Johnny Gentle puis Fred Heat plus connu sous le nom de Johnny Kidd, avec qui il enregistre un des classiques du R & R Shakin’All Over, avec Brian Gregg , Alan Caddy et Tex Makins.

Alan Caddy est né en février 1940 à Chelsea. Il étudie le violon et se destinait au classique. Mais c’est le rock qui l’attire et il joue dans différents groupes. Son père est un batteur réputé. Il lit la petite annonce à la fin d’une tournée éprouvante avec les Pirates. Clem l’accompagne à l’audition.

Georges Bellamy est né en août 1941 à Sunderland, il est guitare rythmique. Il quitte l’école très jeune pour travailler comme employé au Daily Mirror un des grands quotidiens londoniens. Puis il travaille sur un navire marchand, là il apprend la guitare à ses moments perdus. Il est engagé par Alan Klein et joue du country.

Heinz Burt est né en juillet 1942 à Hagen en Allemagne. Il joue de la basse. Il travaille dans l’épicerie paternelle à Southampton et joue de la basse pour se distraire. Lors d’une audition précédente Joe Meek le retient pour jouer de la basse avec les Outlaws, mais Chas Hodges n’en veut pas ! Joe le fait jouer avec son nouveau groupe recruté par petites annonces.

Joe Meek cherche un nom à nos quatre musiciens auxquels il adjoint Pete Newman et Pete Cotton, deux saxophones qui jouent avec John Leyton. Joe pense à Six white Horses, d’une chanson de John Leyton. Puis ce sera the Tornados. Après quelques répétitions, ils prennent la route des tournées avec Billy Fury. Ce dernier n’apprécie pas les saxos, qui alourdissent trop l’accompagnement à son goût. Il propose de les remplacer par un orgue. Norman hale est l’heureux élu. C’est cette formation que l’on entend sur l’album live We Want Billy et sur le premier simple : Love and Fury/Popeye Twist. N. Hale ne reste pas, il est remplacé par un grand gaillard Roger Lavern, (Roger Jackson) né en novembre 1938 à Kidderminster. Après l’école, il fait son service militaire dans la cavalerie où sa haute stature est appréciée lors des parades. Puis il fera du renseignement avant de devenir manager de groupes musicaux.

The Tornados sont souvent en tournée, lors d’une soirée à l’Odéon de Landuno, il y a dans la salle un jeune garçon, qui assiste à son premier concert : Ian Kilminster, qui jouera bientôt avec les Rockin Vickers puis fera carrière avec Motorhead sous le nom de Lemmy. Est ce le jeu pudique de Heinz qui va inspirer ce Samson du Heavy ?

En pleine tournée d’été, Joe Meek fait venir les Tornados un dimanche au 304 Holloway road. Là il leur fait enregistrer the Breeze and I, une espagnolade signée Lecuona qui a aussi composé Taboo et Valencia. Dans la semaine Joe peaufine l’enregistrement las Clem l’appelle pour l’informer que The Fentones viennent de sortir ce morceau. Joe ne se décourage et les convoque le dimanche suivant, en leur disant j’ai quelque chose pour vous. En fait il n’a encore rien trouvé mais le morceau va germer dans son esprit le soir même sur une image floue qui envahit le petit écran. C’est la première image transmise par le satellite Telstar. Joe craque sur l’événement, subjugué par cette étoile d’homme qui file dans le firmament. Cette vision poétique lui inspire un air qu’il fredonne et enregistre.

Tout à son excitation, il reçoit les Tornados qui lui sacrifient encore une fois leur repos dominical. Il leur soumet sa complainte spatiale avec forces gestes et d’une voix emphatique entrecoupée de phonèmes qu’il veut expressifs. Sans oublier de claquer des doigts et de tambouriner sur la table pour mimer la rythmique. C’est du plus grand comique ! The Tornados s’appliquent à reproduire avec leurs instruments ces bruitages inspirés. Après plusieurs prises harassantes, ils écoutent une énième prise passée au crible de l’écho et de la distorsion. Le résultat est surprenant. Sous l’œil goguenard de leur mentor qui triture encore ses curseurs, ils rejoignent la tournée exténués.

Comme Joe Meek en pince pour le gentil minois de Heinz Burt, il lui fait teindre ses cheveux en blond, faisant de lui l’attraction du groupe. Le chouchou prend ainsi l’ascendant sur Billy Fury. Ensuite Telstar se propulse vers le sommet des ventes, faisant des Tornados, les vedettes de la tournée. Un soir à Oxford, on les fait jouer seuls devant une salle archicomble, alors que des centaines de fans sont restés dehors. L’Amérique leur tend les bras, reconnaissante envers ce groupe qui glorifie une de ses inventions. London Record entend y lancer un album. Pour le matérialiser Joe Meek demande à chaque musicien d’en composer un morceau. Alan Caddy composa Earthy et Alan’s tune, Clem Cattini : Lulaby for Giula (prénom de sa fille), Roger lavern : Costa Monger, Heinz Burt « dreamin on a Cloud, et G. Bellamy Ridin’ the wind. Ce dernier titre est couplé avec the Breeze and I pour faire le nouveau simple américain. Il montera à la 63° place et se vendra tout de même à 650 000 exemplaires. L’album fera 22°. Finalement il n’y aura pas de tournée américaine.

Malgré cette déconvenue Telstar a conquis la planète. Joe Meek va exploiter le filon techno-fantastique. Il y aura the Sounds of the Tornados un EP qui fera 22° en octobre 1962, le nouvel EP Telstar montera à la 4° place en novembre. Le simple Globe-trotter fera 5° en janvier 1963, Robot 17° en mars 1963, un autre Ep More Sounds of the Tornados fera 9° en février 1963. Le 33 tours Away from it all en aout 1963 ne rentre pas dans le classement.

En avril 1963 The Tornados passent à l’Olympia à l’affiche les idoles des jeunes aux cotés de Little Eva, Sylvie Vartan et Claude François. Ils sont à l’affiche du film Just for Fun avec Bobby Vee, Jet Harris et Tony Meehan, et Joe Brown. The Tornados sont toujours en tournée, jouant devant des salles combles. En coulisse pourtant l’ambiance n’est pas au beau fixe. Joe Meek ne paie pas souvent ses musiciens pour les séances d’enregistrement et ni les royalties des ventes de disques. Il a lui-même un procès avec un compositeur français qui l’accuse d’avoir copié son morceau Austerlitz. Heinz Burt voit son ego enfler démesurément. Finalement il quitte le groupe pour tenter sa chance comme chanteur. Il débutera bien avec Just like Eddie, qui fera 5° au classement des meilleures ventes. Chas Hodges le remplace pour une tournée en Irlande. Puis ce sera un guitariste des saints Tab Martin qui lui succédera pour un mois. C’est enfin Brian Gregg, ancien compagnon de Clem du temps des Pirates qui rejoint the Tornados.
Il est de la séance qui donnera Tornados rock ainsi que sur certains morceaux de Away from it all. Il compose Flycatcher. Il est encore là pour le simple Dragonfly qui fera 36° en septembre 1963. Brian pourtant ne reste que trois mois. Il rentre chez lui à Swindon où il ouvre un club The New Yorker. Il jouera un temps avec the Pack. Ray Randall lui succède. (ex Saints et Flee Rekkers, groupes de l’écurie Meek).

George Bellamy quitte aussi le navire, il monte à Cambridge et fonde un petit label SRT et fait un simple sous son nom Where I’m bound, ce sera un flop ! Il est remplacé par Brian Goody. En 1964 deux autres départs viennent marquer la vie des Tornados : R.Lavern et Alan Caddy. Roger devient producteur, requin de studios et comédiens. Il va composer Theme for a fallen Idol pour Jet Harris quelques années plus tard (1975). Il est remplacé par Jimmy O’Brien.
Alan Caddy rejoint lui aussi les studios d’enregistrement. Il forme aussi l’Alan Caddy Orchestra, pour reprendre les tubes du moment sous son label 5Th avenue. En 1964 il commet avec G.Bellamy un clin d’œil à leur exgroupe : Work out/Tornado.

Stuart Taylor(ex Savages de Screamin Lord Sutch) remplace Alan Caddy , B.Goody fait un petit tour et puis s’en va pour être remplacé par Brian Irwin. Cette nouvelle formation Cattini / O’Brien / Taylor / Randall / Irwin enregistre Joystick / hot pot puis Monte Carlo / Blue blue beat. Le Mersey Beat déferle et ces deux simples ne trouveront pas l’écho espéré auprès du public.

Ils apparaissent au générique de Swing again. Mais le moral est au plus bas, d’autant que Decca ne renouvelle pas leur contrat. Ils signent chez Columbia. Ils sortent Granada qui ne marche pas. Clem Cattini quitte le vaisseau. Il rejoint le monde des studios.

Joe Meek maintient la fiction du groupe en embauchant les musiciens qui jouent au 304 Holloway road : Ritchie Blackmore, Noel Redding, Mitch Mitchell (ex Blue Flames et Riot Squad, futurs Jimi Hendricks Experience), Barry Tomlinson et Dave Watts (ex Wild boys, le groupe de Heinz). Cette formation exceptionnelle fait quelques soirées au printemps 1965.

En mars 1965, un nouveau satellite Early Bird est lancé, Joe Meek compose une autre mélodie pour saluer cette mise sur orbite. R. Blackmore y joue un solo bien enlevé. Earlybird fera une 49° place au hit parade. On retrouve les mêmes musiciens :R. Blackmore, P.Adams, Tex Cameron, Ray Randall, Tony Marsh et Roger Warwick pour le simple suivant :Stingray / Aquamarina.

Les ex Tornados sous le nom de Geminis sortent Space Walk / Good bye Joe. Joe s’emporte « Bande bâtards » hurle t il. Pour combler la disparition des Tornados, il décide de lancer un nouveau groupe the Saxons, originaire comme lui de Newent. Il produit Saxon War Cry. Soucieux de les faire remarquer, il les habille de peaux de bêtes et de casques à cornes !
La formation est composée de : Peter Holder, soliste, Roger Holder, basse, Robbie Gale, rythmique, John Davis, batteur. Avec l’arrivée de Dave Watts à l’orgue ils deviennent The New Tornados.

Ils enregistrent le concerto N°4 de Mozart, le rebaptise Pop Art Goes Mozart. Ils se produisent à l’occasion du concert organisé au bénéfice des mineurs d’Aberfan, où un coup de grisou à décimer leurs rangs. Robbie Gale change de direction et se lance dans la production cinématographique et abandonne les Tornados. En août 1966 c’est la dernière séance, ils enregistrent Is that a ship I hear, avec effets sonores : bruits de vagues, cri de mouettes et son de mandoline. La face B You Come Often Here, s’attire les foudres de la critique qui y perçoit un morceau suggérant la rencontre de deux homosexuels ! C’est un morceau jazzy, avec orgue feutré qui domine un brouhaha typique d’un pub. Le bruit de foule s’estompe pour laisser place à un dialogue en deux jeunes gens. En fait Joe Meek est un précurseur il a créé bien avant tout le monde la musique d’ambiance.

La fin approche. Le 3 février 1967 une déflagration se produit au 304 Holloway Road, Joe Meeek a mis fin à ses jours, après semble t il avoir tué sa logeuse.

Billy Fury reformera pour ses tournées the Fury’s Tornados, qui sortiront un Telstar 68. Puis en 1975 Cattini/Caddy/Lavern/Heinz se réunissent, et forment les New Tornados, ils enregistrent sur le label de G.Bellamy Telstar 75 couplé avec Red Rocket. Ils enregistrent du même coup Pandora’s box d’A.Caddy qui sera repris par les Ventures pour un simple anglais.

Telstar est sans doute un des morceaux les plus repris des années 60, nous en avons recensé prés d’une centaine. Il y a des versions ska , par the Ska Dows, une psyché par Planet Earth, une version disco par Alan Tweedie, une rap par The Universe, en classique par Apollo 100, en synthé par the Velvet Fogg. Les hongrois ont leur version avec Koltay Papp Egyuttes, les australiens : Blue Dennie. En France nous avons une belle version à la guitare par les Fingers et aussi par les Britanniques the Strangers (de Johnny Taylor).

John MAC ELHONE et Jean BACHELERIE

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