Les SHAZAMS

shazams_1_(1964)

La Normandie avait aussi son groupe instrumental en 1960.
 

Tout commence dans la cour du lycée de Rouen, où quelques passionnés de R & R, s’échangent les dernières nouvelles, s’invitent à écouter le dernier Presley, ou Gene Vincent. A 13 ans Mick Renaud découvre le Rock and Roll, nous sommes en 1956, la musique il connaît pour avoir suivi les cours de piano et de solfège au conservatoire de Rouen, où les fils de bonne famille affinent leur culture musicale. Mais le rock c’est la guitare, Mick essaie d’apprivoiser les cordes et comme cela marche plutôt bien, ses parents lui offrent une guitare.

Rémy Lavisse avait lui débuté par la guitare classique, puis a évolué vers le flamenco jusqu’au jour où il entendit Apache à la radio. Là ce fut comme si le ciel lui était tombé sur la tête, il fallait qu’il apprenne à jouer cette musique, qu’il trouve ce son.

Marc Perrier, batteur, et son copain de lycée Mick forment en 1960, avec deux autres lycéens un groupe les Tinetts ! Leur seul bagage est leur passion commune pour Ricky Nelson, Fats Domino, Presley et Gene Vincent. Ils se font la main dans les surprises-parties et comme cela marche pas mal, ils continuent.

En 1962, Marc et Mick ont envie de progresser, ils rejoignent Jean-Paul Goury, bassiste et Rémy Lavisse soliste des Vagabonds, un groupe instrumental rouennais. Leur admiration partagée pour Duane Eddy et les Shadows les conduisent à choisir comme nom les Shazams. Cela deviendra leur titre fétiche.

Dans la proche banlieue de Rouen, il y a une maison des jeunes, La Renaissance où tous les groupes de la région passent. Les Shazams tentent leur chance. Ils attaquent avec Shazam, suivi de FBI, Apache, Sleepwalk, 36-24-36, et terminent en beauté avec Walk don’t run, qu’ils ont découvert grâce aux Fantômes ! La salle leur fait une ovation mémorable.

Leurs goûts musicaux: Jean-Paul ne jure que par Eddy Mitchell, Rémy n’écoute que les Shadows et Marc ne connaît que Sandy Nelson. Mick est plus éclectique, tous les étés il franchit la Manche pour parfaire son anglais et ses connaissances musicales: ses goûts vont de Lonnie Donegan, à Marty Wilde en passant par Gene Vincent, Elvis , Ricky Nelson et bien sûr comme déjà mentionné les Shadows et Duane Eddy.

Le 30 juin 1963 ils montent sur la scène du Golf-Drouot. La formation qui a déjà enregistré son premier disque chez DMF un label régional, a connu quelques changements, car le service militaire a clairsemé leurs rangs: Rémy et Jean-Paul montent la garde dans une caserne de la France profonde. Deux frères Sigur Opsal, bassiste et Storm, soliste ont pris la relève. Sigur en manager avisé a équipé les Shazams de guitares Fender, et J-P Costa est aux baguettes. Ce fut une belle soirée, qui leur permit de constater qu’ils sont de bons musiciens. Dans la salle ils devisent avec Claude Ciari et les Champions, qui montent sur le tremplin pour exécuter deux ou trois morceaux.

Chez DMF, le directeur monsieur Marie leur a fait enregistrer un album après le premier 45 tours qui fut retiré, car il fut rapidement épuisé, il le vendait après leurs spectacles. Ils enregistrent fin 1962 douze titres, l’album a même été annoncé au catalogue, mais il n’est jamais sorti ! Dommage car il contenait 6 compositions de Mick et Rémy comme Cumulus et des classiques comme Move it, Diamonds, Ten over, Pipeline, Damaged goods. Le 45 tours avait été enregistré à Paris aux studios Sofreson en une matinée et l’album en une journée. La formation comprenait Rémy, Mick, S. Ducret à la basse et J-P Costa aux baguettes.

Les Shazams ont fait une belle carrière sur scène passant aux bals des lycées Corneille et Blaise Pascal de Rouen, au gala du Théâtre des Arts au même programme que Nancy Hollande, faisant quelques festivals rock dont un avec les Problèmes, un autre avec les Chaussettes noires, où Mick dut remplacer Tony d’Arpa, absent ! Enfin un des grands souvenirs c’est le gala à l’Hôtel de la Poste avec comme tête d’affiche Gilbert Bécaud. Le sommet fut quand même la grande fête populaire organisé par le quotidien communiste l’Humanité au Petit Quevilly où Leny Escudero tenait la vedette.

A part cela quelques radios dont un passage remarqué à l’émission phare des années soixante Salut les Copains en fort bonne compagnie avec Michèle Torr et Vic Laurens ! Puis en 1964 ce fut la brouille avec le manager bassiste Sigur, Mick et Jean-Paul se retrouvent sans guitare, batterie ni amplis. C’en fut trop et ils arrêtèrent.

Aujourd’hui Jean-Paul Goury est un musicien professionnel très demandé, Jean-Paul Costa a tout arrêté et penche pour le Jazz, Rémy fait des gammes pour garder la main et passer le temps en écoutant Arthur Smith et les Shadows, Mick est architecte et joue pour le plaisir avec un groupe country, les Nashville Winds.

Jean BACHELERIE

Discographie (60)

  1. (Pas de titre) (DMF 26445)
    Brigitte / Memphis / Gonzales / Foot tapper.
Retour vers : Groupes Français