Les Playboys

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Du Two I’s à Londres à l’Olympia de Paris.
Tony HARVEY est né à Londres en février 40. Il est le seul garçon d’une famille bourgeoise de 3 enfants. Ses parents possèdent une poissonnerie et plusieurs Fish and Chips.
Enfant, Tony rêvait de devenir médecin, mais la vie et ses talents musicaux en ont décidé autrement. Son père abandonne le foyer familial pour aller tenter sa chance en Australie. Tony a 14 ans, il doit se lancer dans la vie active pour aider sa mère. Il sera bijoutier et commence son apprentissage qui dure cinq ans. Mais son habileté et son intelligence lui permettent d’obtenir son diplôme en trois ans.

Tony a aussi une autre passion, la musique et en particulier, la guitare que ses parents lui ont offerte pour ses 12 ans. Il apprend vite et bien en écoutant les groupes de skiffle comme le déjà célèbre Lonnie DONNEGAN. Son premier professeur de guitare sera Joe MORAITTI, un musicien de studio, qui comme l’a rappelé Phil GUIDAL dans Crazy Bear, a enregistré quelques grands classiques de Rock comme Brand new Cadillac avec Vince TAYLOR, Shakin’ all over et Restless avec Johnny KIDD.

Dès l’âge de 13 ans Tony joue dans un groupe de skiffle, et se produit lors des mariages et autres fêtes familiales. A 17 ans il fait connaissance avec le TWO I’s, le Golfe-Drouot londonien. Là, il joue le soir de 19H00 à minuit pour 18 shillings par soirée. Il accompagne les jeunes chanteurs qui viennent tester leur talent sur la scène de ce temple du Rrock Il a été retenu avec 4 autres guitaristes sur les conseils de son professeur Joe MORAITTI.

Il a la chance de jouer avec Tony SHERIDAN, Tex MAKINS, qui jouera avec Marty WILDE, Jet HARRIS le futur SHADOWS, et Red REECE à la batterie qui après avoir joué avec Marty WILDE rejoindra Billy FURY. Ils accompagnent souvent l’idole de l’époque Tommy STEELE.

A ces habitués londoniens viennent se rejoindre des provinciaux venus tenter leur chance, comme en 58, Bruce WELCH et Hank MARVIN qui s’appelaient à l’époque Bruce CHIPS et Hank RANKIN! Ils seront souvent hébergés chez Tony.

Ces mémorables soirées au TWO I’s, Tony les évoque toujours avec beaucoup de plaisir. La génération des grands guitaristes Anglais a fait ses classes au TWO I’s à la fin des 50’s et au début des 60’s. Chaque guitariste montrait ses trouvailles, faisait écouter les sons nouveaux tirés de la guitare. ®Cela créait une émulation fantastique, qui nous faisait progresser. Cela m’a beaucoup manqué à Paris où nous étions sans concurrence¯.

Tony HARVEY a fait partie de la première formation des PLAYBOYS, formée par Vince TAYLOR fin 57 à son arrivée à Londres. Son guitariste solo Bob FRIEBERG regrettait trop le soleil de Californie pour rester dans les brumes londoniennes. Il sera remplacé par Tony SHERIDAN, Tony HARVEY tient la guitare rythmique, Brian Licorice LOCKING est à la basse et Tony MEEHAN à la batterie. Il sera bientôt remplacé par Brian BENNETT, lorsqu’il rejoindra Cliff RICHARD et les SHADOWS.

Avec le temps la formation va évoluer notamment en 59 après le départ de Tony SHERIDAN avec Brian LOCKING et Brian BENNETT qui forment un trio. Les PLAYBOYS vont alors connaître une période d’instabilité jusqu’au début de 60, puisque se sont succédés à la guitare solo Kenny PAVELL, ex DRIFTERS, Jimmy PAGE, Tex MAKINS à la basse et Bonnie WOODMAN, plus connu sous le nom de Bobbie CLARKE à la batterie et Clive POWELL au piano qui sera célèbre plus tard sous le nom de Georgie FAME.

De mi 60 à mi 61 Les PLAYBOYS vont retrouver Tony a la guitare solo, qui rejoint Bobbie CLARKE, Alan LECLAIRE au piano et Johnny VANCE à la basse.

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En mai 61, Tony rejoint NERO and The GLADIATORS où il remplace Joe MORAITTI. La vie avec Vince était difficile et Les GLADIATORS un groupe réputé pour son sens du spectacle et sa qualité musicale. Ils étaient rentrés deux fois dans le TOP 50 avec Entry of the Gladiators et Trek to Rome.

Nero Mike O’NEAL était au piano, Rod Boots SLADE à la basse, Colin GREEN à la guitare solo, ce dernier un bon musicien de Jazz contribuera à la formation de Tony, et Tommy BROWN à la batterie. On retrouvera Tommy BROWN et Mickey JONES avec Johnny HALLYDAY en 67 et avec Sylvie VARTAN à la fin des années 60. Colin GREEN fera lui une grande carrière de jazzman.

Tony nous rappelle qu’à l’époque il répétait souvent avec Jimmy PAGE, Big Jim SULLIVAN et avait un admirateur attentif en la personne de Ritchie BLACKMORE. Parmi les copains de la bande, il y avait Sammy SAMWELL le compositeur de nombreux succès de Cliff RICHARD comme Move it, Dynamite et Nice times out of ten.

Avec Nero & the Galdiators, il enregistre Czardas et Long time ago, le dernier disque de ce groupe mythique.

Nero & the Gladiators étaient réputés pour leur présence sur scène et leurs tenues de romains avec la toge. C’était du grand spectacle, très travaillé qui leur valut beaucoup de tournées et galas. Leur matériel aussi était innovant avec les chambres d’écho Binson.

Tony se souvient du premier voyage en France en juillet 1961 où ils passèrent à l’Olympia, l’affiche était cent pour cent britannique: Wee Willie Harris, Dave Sampson, Vince Eager, the Bobbie Woodman noise (Bobbie Clarke, Johnny Vance et Alan Le Claire). Vince traînait dans la coulisse grâce à la bienveillance de son pote Bobbie Woodman Clarke. Par un des mystères de ces spectacles à l’affiche aussi riche, Vince Taylor fera un passage pendant la répétition et figurera au programme. La suite est connue: sa prestation stupéfiera la salle de connaisseurs et séduira Jean Fernandez le directeur artistique de Barclay.

Tony donnera un coup de main au Bobbie Woodman Noise derrière Vince et passera avec les Gladiators. Puis il regagne l’Angleterre où ils sont retenus par une tournée.

A la fin de l’été Bobbie Clarke et les Playboys viennent à Londres pour une série de photos. Il contacte Tony pour qu’il réintègre les Playboys. Tony résiste. Pourtant quelques temps après, Bobbie va le recontacter, Barclay lui offre un salaire royal et une guitare de son choix avec ampli haut de gamme. Tony craque, il prend la direction de Paris, s’achète une Gibson. Son départ va handicaper les Gladiators qui vont péricliter jusqu’à leur arrivée en France en 1963.

Chez Barclay les Playboys bénéficient de toute la sollicitude des techniciens, souvent ils donnent un coup de main aux groupes maisons en panne lors de séances d’enregistrement. Ils enregistrent beaucoup et tout n’a sans doute pas été publié.

Ils ont un son et un rythme à couper le souffle, une batterie puissante, une basse souple et bondissante. Tony tire des sons étonnants s’avérant dans des riffs de Blue Jean bop et rRcky road blues comme un précurseur du heavy rock avec ses miaulements infinis de guitare.

Début 1962 Barclay met sur le marché un premier 45 tours instrumental avec un mélange de classique: Marché persan, Movin and groovin, Bush fire et un morceau composé par Tony et Léo Missir Terrible twist.

Dés février 1962 un deuxième disque sort avec Retiens la nuit, un tube de Johnny Hallyday, Samedi soir, et Farewell Mamzelle trois titres du compositeur G. Garvarentz.

Un mois plus tard vient le troisième 45 tours produit par Ken Lean avec des morceaux improvisés par les Playboys et attribués à Léo Missirá: Le Crabe et La Langouste. Les deux autres titres sont Raunchy du Bill Black’s Combo et Artistry in twist de Stan Kenton.

Avec la fin de l’année 1962 l’heure de la séparation d’avec Vince Taylor approche. Un engagement au Star Club où Vince arrivera avec un jour de retard marquera la fin d’une époque. La magie de Vince et ses Playboys est terminée.

Les Playboys continuent seuls, ils font un autre disque où ils chantent: Comme je t’aime, Bye bye Johnny, Peggy Sue et Hully gully kid. Bobbie est partie, il est remplacé par Eddy Sparrow (ex Toppers) de même qu’Alan Le Claire regagne l’Angleterre et se voit remplacé par Joe Fegan.

Leurs qualités musicales leur valent d’être engagé pour un an par Bruno Coquatrix comme orchestre de l’Olympia. Là ils vont accompagner les vedettes venues d’outre Atlantique et d’outre Manche, de passage dans ce temple musical.

Ils signent un nouveau contrat chez RCA et enregistrent un disque vocal très merseybeat avec Money, Quelle môme (Young blood) de Leiber et Stoller, Sweet and lovely et Béni soit dieu. Un nouveau batteur les a rejoint, Don Hawkins, transfuge des Krewkats.

Puis en 1964 ce sera la fin d’une aventure qui connut son apogée en 1961-1962 avec Vince au sommet de son art.

Tony ira un temps avec les Champions pour remplacer Claude Ciari, puis il rejoindra Jo Dassin avec qui il restera jusqu’en 1976.

Tony réalisera presque son rêve d’enfant dans les année quatre vingt , lorsqu’il dirigera une clinique d’esthétique avec son amie, prés des Champs-Elysées; malheureusement une longue maladie l’emportera en février 1993.

Johnny Vance est né en 1940, d’une famille aisée et aimant la musique, sa mère lui apprendra très jeune le piano, sans enthousiasme, son père l’initiera au jazz. Mais le tournant sera la découverte du Skiffle, puis en 1956 du rock avec graine de Violence le film culte avec Rock around the clock de Bill Haley. En 1958 il assiste à son premier concert de Rock où Buddy holly le déçoit car il ne chante pas les classiques du rock. Néammoins sa décision est prise il s’achète une guitare basse Hofner.
Il écoute Wes Montgomery, Barney Kessel et discute beaucoup avec les bassistes qu’il côtoie pour affiner sa technique et trouver son style. C’est l’époque où pendant les entractes au cinéma, les jeunes musiciens peuvent tester leur talent. Puis il accompagnera Reg Calvert et forme un groupe avec Johnny Watson à la batterie et Brian Marshall à la guitare.

Reg lui apprend un jour qu’un chanteur arrive de Californie, il s’appelle Vince Taylor et cherche des musiciens. Ils proposent leurs services et Vince les engage. Ils répétent quelques jours ensembles et passent au Two I’s. là ils rencontrent Tony Sheridan, et aussi les futurs Shadows qui s’appellent alors les Drifters. Johnny Watson les quitte pour Wee Willy Harris, il est remplacé par Bobbie Clarke. Brian les abandonne également et laisse sa place à Alan Le Claire.

La vie avec Vince est parfois agitée et les brouilles fréquentes. Lors de l’une d’elles, les Playboys décident d’accompagner Vince Eager qui vient de décrocher un contrat pour Rock across the channel, c’était en 1960.

Un an plus tard le même spectacle les conduit à Paris à l’Olympia, nous sommes en juillet 1961. Bobbie avait fait venir son pote Vince et réussit à le faire passer au dernier moment. On connaît la suite.

Ils resteront en France , passeront à Juan-les-Pins et feront la une des magazines avec Vince.

Le meilleur souvenir de Johnny est en 1964 avec Les Playboys. Ils sont engagés pour une soirée privée dans un splendide château de la région parisienne. Deux Rolls Royce viennent les chercher à l’hôtel et les conduisent au château où ils sont accueillis par le baron de Rothschild et ses invités: Sophia Loren, Carlo Ponti, Audrey Hepburn, Mel Ferrer, Mrs Simpson et le duc de Windsor. Dans la bibliothèque ils installent leur matériel et font leur show. Le salaire est royal et chacun reçoit en prime une bouteille de Bordeaux d’un grand Millésime.

Aujourd’hui Johnny a pris sa retraite après avoir travaillé dans les éditions musicales, puis une chaîne de casinos jusqu’à la fin des années quatre vingt.

Jean BACHELERIE

Discographie (60)

  1. (Pas de titre) (Barclay EP 70 419)
    Persian market / Bush fire / Movin & groovin’ / The terrible twist.
  2. (Pas de titre) (Barclay EP 70 433)
    Retiens la nuit / Farewell Mam’zelle.
  3. (Pas de titre) (Barclay EP 72 518)
    Le crabe / La langouste / Raunchy twist / Artistry in twist.
  4. Sounds Guitars : Les plus grands succès du Rock (Adria 655 036)
    Rip it up / After dark / Nobody / House of Rising sun / It’s not unusual / Nostalgy / Portland town.
    Ces 4 disques n’ont pas étés réédités.

Discographie (CD)

  1. La griffe du Rock (Magic Records 3930649)
    Sur un march‚ persan / Bush fire / Movin’ and groovin’ / The terrible twist / Le crabe / La langouste / Raunchy twist / Artistry in twist / Samedi soir / Farewell mam’zelle / Retiens la nuit / Clank / Shazam / Quelle m“me / Money / Sweet and lovely / B‚ni soit Dieu.
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