John BARRY 7

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La carrière de John Barry depuis prés de 40 ans souligne son éclectisme et son talent : depuis Hit & Miss indicatif d’une émission te télévision de la BBC au début des années 60 à ses dernières musiques de films en passant par Born Free, Out of Africa, la danse avec les loups.

Le John Barry Seven est l’un des pionniers des groupes instrumentaux britanniques, innovant avec les fameux pizzicatos pour Adam Faith. John Barry est devenu l’un des compositeurs majeurs de la musique de films.

John Barry n’aimait pas le lycée, il était élève à la Public School (lycée privé) St Peters à York. Seul son professeur de musique, Dr Francis Jackson, le maître de la cathédrale de York, lui rendait la vie supportable.

Il a initié John aux bases de la théorie musicale et développé son goût pour les chœurs et la musique sacrée.

John a quitté la réputée St Peters Public School à 15 ans, pour travailler avec son père qui possédait un cinéma et un théâtre. Cela permit au jeune John de passer ses soirées à jouer avec un orchestre de Jazz the Modernaires. John est passé ainsi du piano qu’il avait appris depuis son plus jeune âge à la trompette, encouragé par son frère aîné Patrick. Son modèle était Harry James, qui bien que peu attiré par la scène, savait pertinemment que c’était la seule voie pour être reconnu. A ce moment là il savait déjà qu’il ferait carrière dans la musique de film, très influencés par les Copeland, Waxman, Korgold et Steiner dont il avait vu les films au cinéma paternel.

Après trois ans d’activités musicales, il partit au service militaire qui durait deux ans. Il demanda à faire un an de plus, rejoignant ainsi un régiment musical, les réputés Green Jackets. En fait il passa l’essentiel de ses trois ans à Malte et Chypre, utilisant ses loisirs à essayer toutes sortes d’arrangements avec ses collègues. Il utilisa sa solde pour se payer des cours par correspondance avec Bill Russo, un arrangeur réputé et ancien membre de l’orchestre Stan Kenton.

De retour à York, John continua à faire des arrangements et commença à composer proposant ses arrangements à différents chefs d’orchestre, en particulier Johnny Dankworth, Ted Heath, et Jack Parnell. Dankworth l’encouragea et utilisa un ou deux arrangements, Parnell lui conseilla de former son orchestre. Il fit bon usage du conseil et un soir après avoir joué avec The Modernaires, il rassembla quelques anciens camarades de régiment pour former le John Barry Seven. La formation était la suivante : John Barry, trompette et chant, Mike Cox saxo ténor, Derek Myers, saxo alto, Ken Golder, batterie, Fred Kirk , basse, Ken Richards, guitare solo et Keith Kelly, rythmique et chant. Son père l’aida beaucoup tant par ses relations que par le prêt de GBP 5000 qu’il lui fit en 1957.

John Barry et son orchestre enregistrèrent quelques bandes d’essais à Londres, et les envoyèrent à Jack Good, producteur à la BBC du nouveau programme pour les jeunes : six five special. Elles furent décliner car trop proche de ce que faisait Don Lang & Frantic Five.

Quoiqu’il en soit ils firent leurs grands débuts le dimanche 17 mars 1957 au théâtre Rialto de York, à la même affiche que Mitchell Torok et le Jazz band de Cy Laurie. Puis ils passèrent au Rialto de Londres, où un agent musical les engagea pour la saison d’été à Blackpool avec Tommy Steele.

Ils se préparèrent très professionnellement. Le public de Blackpool fut conquis, du coup la BBC leur ouvrit les portes de Six Five Special et ITV pour son émission Music Box. Ils firent leurs grands débuts le 21 septembre à la BBC.

Le prochain objectif fut de décrocher un contrat d’enregistrement. Harold Fielding, leur agent négocia avec Philips et Decca, mais ce fut finalement EMI qui réagit le plus vite et les engagea en septembre pour le label Parlophone. Après un simple Zip Zip/ Three Fishes, ils enregistrèrent un album, où ils jouaient la plupart des morceaux interprétés à Six Five Special. Parmi les morceaux deux étaient des compositions de John Barry, qui toucha à cette occasion ses premières royalties.

Ils firent un deuxième simple en janvier 1958 avec deux titres du film Six Five Special où John fit ses débuts. Ce fut le dernier enregistrement où ils John chantait. Ils décidèrent de se consacrer à l’instrumental sur scène comme en studio

Deux mois plus tard Parlophone publia Big guitar, un bon morceau instrumental d’Owen Bradley et Frank Derosa, enregistré par autres groupes anglais John écrivit comme d’habitude la face B, Rodeo

John et son groupe étaient maintenant installés à Londres, ils passaient régulièrement à l’émission Oh Boy sur ITV. John enregistra Farrago avec Bees Knees qu’ils jouèrent à l’émission. pour cet enregistrement un nouveau guitariste faisait son entrée Vic Flick. Il venait du Bob Cort Skiffle group, qui avait fait la tournée de Paul Anka où figuraient aussi le John Barry Seven. Vic et John sympathisèrent, John étant très impressionné par le talent et le jeu de Vic. De plus Vic savait lire la musique contrairement aux guitaristes du Seven.

Le moment venu John Barry procéda à quelques changements et fit appel à Vic. The JB 7 devinrent l’orchestre attitré de l’émission Oh Boy, mais cela n’alla pas sans poser quelques problèmes. La plupart des membres ne savaient pas lire la musique et parfois leurs interprétations laissaient à désirer. Aussi à l’exception de Keith, tous quittèrent le groupe.

La nouvelle formation : John, trompette, Vic, solo, Mike Peters, basse, Keith Kelly, rythmique, Jimmy Stead, saxo baryton, Dennis King, saxo ténor et Dougie Wright, batterie fut engagée au Metropoliton à londres, où ils jouaient 20 minutes, puis accompagnaient les chanteurs comme Marty Wilde.

Il fallut attendre 1960 pour que la guitare soit mise en relief au premier rang. Début 1959 la BBC lança une émission pour concurrencer Oh Boy : Drumbeat. Le producteur engagea le JB7 comme orchestre de l’émission, jouant pour son propre compte et comme accompagnateurs.

La nouvelle équipe était formée de pros, auxquels John adjoignit un piano, à la place de la guitare rythmique. Les Reed, un copain de Vic fut engagé.

Emi avait remarqué que l’orchestre pouvait très bien accompagner des chanteurs pour des séances. Ils accompagnaient sous le nom de John Prendy Orchestra, de son nom de famille Prendergast. Ils accompagnèrent the three Tyneside girls, connus sous le nom de three Barry sisters. Puis ils accompagnèrent Derry Hart and the Heartbeats, et aussi Little Tony.

Le JB7 continua à enregistrer ses propres morceaux : Long John/Snap & Whistle beaucoup joué à Drumbeat. Ils enregistrèrent encore deux autres simples pour Parlophone Little John et Twelth street Rag. Peu avant le JB7 avait accompagné Adam Faith dans ah Poor Little Baby.

Quelques temps plus tard la percée tant attendue allait se produire avec un arrangement de Les Reed de What do you want. John et Adam Faith furent très interessés. Là ils jouèrent selon leurs goûts et non selon la vogue du moment. Adam Faith atteignit la première place du Hit Parade. Larry Page enregistra six morceaux accompagné par le JB7, qui sortirent sous la forme de 3 simples.

The John Prendy Orchestra accompagna Lance Fortune dans Be mine qui monta à la 4° place.
En février 1960 JB7 rejoignit Adam Faith au top 10 des meilleures ventes avec Hit & Miss. Il eut la chance de bénéficier du support de Juke Box Jury, émission phare de la BBC, qui le désigna à l’unanimité comme un hit. Puis le producteur de l’émission David Jacobs en fit son indicatif. John Barry après trois ans d’efforts avait enfin réussi à faire un tube.

Emi lui offrit alors un contrat d’exclusivité de 3 ans. Barry avait trouvé un son qui maintenant était la référence. John commença alors sa carrière de compositeur de musique de films. Il composa la musique de Beat girl le film d’Adam Faith. Puis sous l’influence de ses compositions pour les films il composa Beat for Beatnik et big fella. Ces morceaux très différents de ce qu’il avait écrit précédemment, firent l’objet de critique élogieuse de la part du chroniqueur de Melody Maker Maurice Burman. Dans la foulée EMI sortit la musique du film Beat girl, ce fut la première musique de film publiée en Grande Bretagne sous la forme d’un album. Il rentra dans le top 10.

Avec Adam Faith John avait trouvé un son à lui, même si certains enregistrements sont parfois influencés par Buddy Holly, John Barry a imprimé sa propre marque, qui allait servir de référence. Il obtint un troisième succès avec Adam Faith « Made You », qu’il avait d’ailleurs composé en partie. En septembre Adam Faith et JB7 sortirent chacun un simple, how about that fut un nouveau grand succès et Walk Don’t Run rentra dans les meilleures ventes. L’arrangement très travaillé de John et le travail de Vic Flick y était pour beaucoup, avec un fameux son de guitare. Avec le simple suivant Black Stockings, il monta à la 27°place.

En dehors des séances en tant qu’accompagnateur, le JB7 sortit un nouveau simple the Magnificence Sevan, qui malgré la concurrence de Al Caïola monta à la 48° place. Ce fut le 6 disque à entrer dans le classement des meilleures ventes.

Le simple suivant n’allait pas connaître le même sort The Menace/Rodeo. Ce fut un flop.

John ne se découragea pas pour autant et se mit à préparer le deuxième album. Il fit appel à Jerry Lordan le compositeur d’Apache, qui lui proposa Starfire, qui sortit aussi en simple et fut retenu comme indicatif d’un programme de télévision régionale Disc a go go. Dans la foulée il sortit pour le marché italien sous le nom de Michel Angelo and his Orchestra le thème de Rocco et ses frères, le film de Visconti. Aucun des deux simples ne marcha.

En novembre John Barry fit un retour aux sources avec un rock solide : Watch Your Step couplé avec Twist it pour tenir compte de la vogue du moment. Ce fut un nouveau flop. John rentrait d’un voyage aux USA où il avait rencontré Lee Hazlewood à Los Angelès, et avait pris connaissance des derniers raffinements techniques. En particulier l’enregistrement de chaque instruments sur une bande différente.

L’heure d’un nouvel album était arrivée et ce fut Stringbeat pour Noël 1961. Il se vendit bien mais n’entra pas dans les classements.

En août 1962 John Barry et Adam Faith choisirent chacun une voie différente, mettant fin à leur fructueuse coopération.

Devant le succès de Dave Brubeck avec Take Five, qui rentra au classement des meilleures ventes, John décida de composer un morceau de la même veine : Cutty Sark. Il monta à la 35°place. Le morceau fut retenu par ITV la chaîne privée de télévision, comme indicatif d’une de ses émissions.

Un jour de l’été 1962, le patron britannique de United Artist Music, lui proposa d’écrire la musique de films. Il ne lui donna que quelques jours pour enregistrer et arranger la musique d’un film. C’était The James Bond Theme. Peu après il entra dans le classement des meilleures ventes. La paternité de ce titre reste un sujet de discussions entre Monty Norman et John Barry.

En 1963, John Barry quitta EMI pour rejoindre Ember. Il connut un grand succès avec From Russia With Love. En août 1963 il enregistra Christine dédiée à Christine Keeler, le mannequin qui fit scandale, en raison des ses liens avec le ministre de la défense John Profumo. Le disque fut interdit d’antenne à la BBC comme à Radio Luxembourg. Il atteignit malgré tout la 40° place.

Durant l’été 1963, Vic Flique décida de quitter le JB7, en raison des demandes multiples pour accompagner lors de séances pour différents artistes, dont Eddy Mitchell. Vic passera de nombreuses années dans les studios. Il évolua par la suite vers le mond de la composition, en particulier musique de films et musique pour la télévision.

En octobre 1963 le JB7 reformé redémarra à Coventry. Bobby Graham était maintenant le leader du groupe, à la demande de John Barry. La formation était : Bobby Graham, batterie, Ray Styles, basse, Ray Russell, guitare solo, Terry Childs, saxo baryton, Bob Downes, saxo ténor, Alan Bown, trompette, et Tony Ashton, piano et chant.

Bientôt Bobby Graham allait suivre Vic pour faire carrière comme musicien de studio, on le retrouvera dans le London All Stars qui accompagnera Eddy Mitchell de fin 1963 à 1969. Cela conduisit à de nouveaux changements avec l’arrivée de Mike O’Neal à l’orgue, et au chant, Dave Green au saxo ténor, Stan Haldane à la basse, Ernie Cox, à la batterie, Ron Menicos à la guitare solo, les autres membres restant inchangés. Ils sortirent ce qui allait être le dernier simple avant plusieurs années : 24 hours ago/Seven faces.

John Barry se concentra de plus en plus sur la musique de films : From Russia with love, Goldfinger. Bien d’autres films allaient suivre jusqu’à nos jours. Mais le JB7 avait vécu son heure de gloire et les musiciens se reconvertirent dans les studios ou auprès d’autres orchestres.

Geoff LEONARD et Peter WALKER pour Pipeline n° 18, traduction Jean BACHELERIE

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