Jean Bonal (France)

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Jean Bonal : un acteur de l’histoire du Jazz français
 

Jean Bonal est devenu musicien en raison des hasards de la vie. En 1941, malade, il abandonne le sport, écoute la radio et se découvre une passion pour la musique des jeunes, le jazz. Il remonte le temps pour connaître l’histoire de cette musique dont les grands débuts en France remontent à 1934 avec la création du Hot Club de France.

Jean Bonal, né en 1925, se met à la guitare, impressionné par Django qui « fut le premier à faire prendre en considération son instrument en qualité de soliste ». Pendant l’occupation beaucoup de groupes de jazz se produisaient. De la Place de la République à l’Opéra, en passant par les grands Boulevards, de nombreuses brasseries accueillaient des formations de jazz.

A Pleyel se donnaient les concerts. Le Jazz avait sa revue « Hot Club de France ». Django jouait à La Roulotte prés de la place Pigalle.

Après s’être familiarisé avec cette musique en 1942 Jean Bonal apprend à jouer d’oreille sur un banjo-mandoline de sa mère.

En 1943, admiratif devant son engouement, son père lui offre sa première guitare. Il apprend à partir des diagrammes au dos des chansons. Puis Jean Bonal découvre une méthode de guitare, celle de Roger Chaput, guitariste du premier Quintet. Enfin il fait connaissance d’un très bon guitariste italien: Guido Trombetta. Ce sera son initiateur.

En 1945 Jean Bonal sait lire une partition. Ce fut la grande période des bals. Il travaille rue de Vanves, puis il accompagne Georges Guétary dans une opérette à l’Alhambra.

 Les rencontres déterminantes 

Parmi les rencontres qui ont marqué Jean Bonal, il y eut André Persiani, contrebassiste avec le guitariste Sarane Ferret. André engagea Jean Bonal pour former un trio à la King Cole. J.Bonal reconnaît qu’André lui a inculqué toutes les bases de la musique de Jazz. Sa formation fut complétée par l’écoute de Charlie Christian et Oscar Moore. Django « on peut s’en inspirer, mais il ne faut pas chercher à le copier ». Le style dépouillé de Charlie Christian, sa clarté et la richesse de Django lui ont permis de créer un langage personnel.

Alix Combelle lui proposa un jour de remplacer le grand Roger Chaput, qui voulait prendre sa retraite. « J’ai ainsi été retenu pour ses enregistrements. A la rythmique figuraient: Jean Bouchety, contrebassiste, Armand Molinetti, batteur ».

 Saint-Germain 

Puis avec les années cinquante, Jean Bonal découvre le Saint- Germain des Prés des grandes heures du Jazz. Il y rencontre Jean Pierre Sasson, le fameux guitariste, qui passe au College In rue Vavin, ainsi que Pierre Cavalli. Dans ce tour du Saint-Germain des années Jazz et existentialistes, nous retrouvons Jean Bonal à la Rose rouge où passaient Juliette Gréco et aussi la compagnie Grenier Hussenot avec les Yves Robert, Jacques Fabbri, Michel Piccoli. De là nous allons au Tabou des frères Vian, au Vieux Colombier avec à l’affiche Claude Luter et Moustache, le Club Saint-Germain avec Jean-Claude Forenbach.

« Nous passions aussi au Schubert de Montparnasse, où nous retrouvions souvent Henri Crolla, le guitariste de Montand. Là je me suis lié à Roger Paraboschi, le batteur ami et collègue ».

Les soirées se terminaient vers deux heures du matin au Royal Saint-Germain en face du Flore.

Rive droite, le théâtre Edouard VII accueillait les grands orchestres ou des pointures comme Sidney Bechet. Le Ring Side rue d’Artois, est devenu le Blue Note.

 Le temps de la radio 

« Nous travaillions à la radio avec l’orchestre d’Yvon Alain pour l’émission « De mon temps » où nous accompagnions les chanteurs et chanteuses, puis ce fut « Entrée des artistes », suivi des « Beaux Jeudis », puis des « Jeudis de la jeunesse » enregistrées en direct et en public depuis l’Alhambra. Sur Radio Luxembourg c’était les émissions de la brillantine Roja, avec publicité jouée en direct ».

« L’émission l’entrée des artistes, tremplin pour les chanteuses et chanteurs que nous soutenions le mieux possible, c’était une bonne école, est devenue « Arc en ciel », » les étoiles s’allument ». Les jeudis de la jeunesse le matin, étaient suivis l’après-midi par Jeudi parade sur Radio Monte Carlo ».

 L’été 

« Nous faisions des saisons, j’en ai fait une au casino du Touquet, avec Eddy Warner et sa musique tropicale qui avait aussi son émission hebdomadaire à l’ORTF, parmi les membres il y avait André Luiz, saxo alto, André Colin, le trompettiste qui jouera plus tard avec Alix Combelle et Ben, chanteur et contrebassiste, Martin un batteur d’origine batave ».

 Les sessions d’enregistrement 

Aimable invita Jean Bonal à ses séances, jusqu’en 1985! De même Michel Ramos, pianiste jouant de l’orgue Hammond sous le nom de Virginie Morgan chez Ducretet Thomson. Parmi les séances marquantes, la musique du film le Continent Perdu.

Un autre grand musicien spécialiste de la guitare hawaïenne: Marcel Bianchi.

Puis la vie de musiciens de boîtes de nuit est devenue pesante. Jean Bonal s’est alors spécialisé comme requin de studio. « Nous étions un groupe de dix musiciens qui se partageaient les radios et les séances ».

« A ce moment l’on changeait jusqu’à trois fois de studios dans la journée: commençant par Philipps Boulevard Auguste Blanqui, passant aux studios de Pathé Marconi pour terminer vers 17 heures porte de Montreuil aux studios Davout ».

« J’ai fait des disques pour Festival qui appartenait à Radio Luxembourg, le directeur artistique était Jean Grelbin. Il m’a proposé de faire un enregistrement dans le style Hot Club de France avec Michel Hubert, au violon, Raymond Periguet, guitare rythmique, Paul Rover à la contrebasse, et Mac Kak à la batterie. Le répertoire allait du Pays d’où je viens de Bécaud à mes trompettes de Barelli ».

Puis Jean Bonal composa une chanson et enregistra la musique du film sous le nom Jean Bonal & le Club de France pour le film de Clouzot La vérité avec Brigitte Bardot parue chez Ricordi.

 Les années soixante 

Jean Bonal fit des séances pour Johnny Hallyday et a participé à la première télé de Sylvie Vartan lors de l’émission d’Albert Raisner, Age Tendre et Tête de Bois. Là avec des jazzmen, il a formé les Lunettes Noires, qui comprenaient: Georges Arvanitas au piano, Pierre Gossez, au saxo ténor, Roger Guerin, à la trompette.

L’engouement suite au succès d’Apache et des Shadows était tel que’ Albert Raisner organisa un tremplin. Jean Bonal eut la tâche ingrate de sélectionner les groupes appelés à participer à ce concours. Il en vit passer plus de 300, il en retenu une petite dizaine, dont les Blue Jet Guitars de Philippe Doiteau, qui allaient devenir les Guitares de Sheila.

 Accompagnateur 

« J’ai poursuivi ma carrière d’accompagnateur aux cotés de Georges Guétary, Régine, Jean Claude Pascal, Jean Sablon, Charles Aznavour, puis Aimable pendant une longue période ». Jean Bonal l’aidait à sélectionner les tubes qu’il enregistrait en suivant notamment les émissions comme le Palmarès des chansons de Guy Lux.

 Les temps ont changé 

Maintenant pour « les accordéonistes il n’y a plus deux hommes providentiels: Guy Noel de Radio Montmartre (disparu depuis quelques temps) et Pascal Sevran avec la Chance aux chansons ». Le Jazz n’a plus d’émissions télévisées sauf sur M6 avec Philippe Adler, fini le temps des Jean Claude Averty, « les raisins secs, Jazz aux Champs Elysées de Jack Diévalàil ne reste que quelques radios comme 89,9 sur Paris et la région, Paris Jazz (88,2) Radio Aligre 93,1, Radio Enghien (98) où Jean Bonal anime une émission hebdomadaire le samedi de 13h30 à 14h30.

Cotés boîtes il y a au Méridien de la Porte Maillot le Lionel Hampton Jazz Club, le Bilboquet à Saint-Germain, le Petit Journal Saint-Michel et celui de Montparnasse, le Dic des Lombards, le Sunset.

Aujourd’hui Jean Bonal enseigne la guitare dans une école de Jazz loisirs et culture à Saint-Leu-la-Forêt. Il s’occupe d’une association à Bouffemont « les mordus de la guitare ». Il passe régulièrement à Paris au Petit Journal de Saint-Michel, dans quelques utres endroits comme les Matins Bleus à Boulogne Billancourt. Jean Bonal joue avec son trio composé de François Masse (son beau-frère) et Pascal Bivalski, ils sont parfois rejoints par l’infatigable Roger Paraboschi à la batterie.

Merci à Jean Bonal et Marc Touché. Pour en savoir plus achetez le livre « Il était une fois le Jazz ».

Il était une fois le Jazz par Jean Bonal
Editions Parisii 2003
8 bis rue Louise Michel
95340 PERSAN
Tél. : 01 34 70 17 57

Jean BACHELERIE, Juin 2004

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