Heinz BURT

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Devenir une pop star est un rêve qui a hanté bien des cœurs adolescents. Prendre des poses de rocker, s’accoutrer, faire courir ses doigts sur une guitare imaginaire… bien des aspirants au succès illusoire se sont livrés à ce jeu puéril.

Devenir une vedette ? Ce rêve Heinz Burt l’a vu se réaliser . il a rêvé sur un nuage comme le suggère le titre de sa première compo ; obtenant du jour au lendemain ce que d autres s’épuisaient à conquérir pendant des années. Un tapis d’azur se déroulait devant lui et le conduisait vers des horizons radieux.

Il nous a quitté cette année rongé par la maladie et abandonné de tous. Le rêve devient parfois cauchemar.

Pour Heinz Burt, tout commence à la lecture d’une petite annonce parue dans le Melody Maker dont le signataire n’est autre que le bouillant Joe Meek. Vous connaissez le personnage, célèbre pour ses méthodes peu orthodoxes, son caractère fantasque, sa  » salle de bains  » autrement dit l’étroit studio qu’il dirige au 304 Holloway Road. Pour l’heure il recherche des musiciens pour accompagner Billy Fury que l’on considère alors comme l’Elvis Presley anglais ! Ce brillant chanteur a pour manager l’influent Larry Parnes, mais cela ne gêne pas Joe Meek qui projette de s’approprier le jeune espoir. Suite à cette annonce, les musiciens retenus sont : Clem Cattini, Alan Caddy, Georges Bellamy et Heinz Burt le bassiste. Ce séduisant garçon vient de Southampton où il travaille dans l’&épicerie familiale et fait partie d’un groupe local, The Falcons. Il est né le 24/07/1942 à Hagen en Allemagne, d’une mère anglaise et d’un père allemand. Joe Meek qui en pince pour les minets tombe sous le charme du jeune homme et d’emblée, il lui demande de se teindre les cheveux en blond ! Cette lubie lui vient du film le village des damnés dans lequel on voit des enfants blonds dotés de pouvoir surnaturels.

Il est d’abord question de faire jouer Heinz Burt dans les Outlaws, un autre groupe pensionnaire du 304. leur leader, Bill Kuy vient de mettre les voiles et Chas Hodges leur bassiste, se propose de le remplacer. Joe Meek lui dit que je connais un charmant bassiste alors que l’autre insiste pour savoir comment il joue. Finalement lorsqu’il l’entend, il le trouve médiocre et il préfère reprendre sa basse. Le prochain meneur des Outlaws sera Ritchie Blackmore !

Après cette éviction, notre blondinet devient leader du groupe… mais dans un film  » Farewell performances  » dans lequel grâce à son charisme, il succède à un chanteur mal aimé. Le scénario serait de Joe Meek qu’on ne serait pas surpris !

Puis il affiche il affiche son image angélique dans « Just for fun  » en compagnie des Tornados et « Live it up  » au coté de David Hemmings. Comme on le voit, ses premiers engagements mettent l’accent sur son aspect physique plus que sur ses qualités musicales. On peut avancer qu’au sein des Tornados, son rôle est là encore visuel car sa blondeur attire un large public féminin. Et sous les projecteurs, il parvient même à éclipser leur frontman Billy Fury !

Les Tornados sont à leur apogée en 1962/1963 avec leur hit Telstar (1er en Aout 1962), robot (17° en mars 1963), The ice cream man (18° en mai 1963). Sans compter les bons classements de leurs Eps : The Sounds of The Tornados (2° en octobre 1962), Telstar (9°en mars 1963, Tornado rock (7° en juillet 1963). Pour le groupe, chaque membre délivrera une ou deux compos. Pour sa part Heinz proposera le léger Dreamin on a cloud avant de quitter ses collègues, les privant de leur principale attraction. Ils se voient également délaissés par leur cersatile producteur qui nourrit d’autres ambitions. Le remplaçant de Heinz Burt dans le groupe sera Chas Hodges !

C’est qu’en 1963 Joe Meek mise à fond sur son protégé pour en faire l’égal de Cliff Richard. Et pour cela il voit grand. D’abord il fonde la Heinz Burt Ltd qui financera la publicité, l’achat d’une Ford Zéphyr équipée d’un tourne disques et d’un yacht pompeusement baptisé Globetrotter ! Tout ça pour son poulain. Ensuite le Heinz Burt fan club est créé et compte rapidement mille adhérents. Devinez où se trouve son siège ? 304 Holloway road ! enfin des pots de vin sont offerts à un journaliste chargé d’écrire des chroniques élogieuses sur l’ex Falcon ! pour Heinz (on l’appelle par son prénom maintenant) « le rêve devient réalité comme le laisse supposer le titre de son premier simple  » Dreams do come true « . mais c’est un flop. Qu’importe les Tornados ont bien connu un sort analogue avec leur premier disque Love and fury. il suffirait pour le prétendant aux chartes d’une bonne chanson nappée de quelques artifices électroniques. La chanson adéquate va venir du parolier maison Geoff Goddard* et c’est justement un hommage à Eddie Cochran sobrement intitulé Just like Eddie. C’est un succès qui élève son interprète dans la cour des grands (5°en août 1963). Si bien que Heinz se voit engager aux cotés de Jerry Lee Lewis et Gêne Vincent. Et là devant une foule de rockers chevronnés, il se fait huer et comble d’ironie, ces rockers sans pitié lui balancent des boites de haricots, des Heinz !

Il vaut mieux qu’il passe à la télé ou tourne avec Billy J Kramer, Bobby Rydel, Helen Shapiro…De Suède en Australie (il en voit du pays), il améliore son tour de chant jusqu’à figurer à l’affiche de Johnny Kidd et des Rolling Stones ! Il a réellement progressé au contact du public, se libérant du coup de la tutelle par trop étouffante de son protecteur ! et puis n’arbore t il pas une superbe Gretsch comme cet Eddie auquel il rend hommage ? (sa précédente guitare était une Roger allemande). Ensuite, il est efficacement soutenu par des excellents Wild Boys. Autrement dit une mouture des saints, responsables de la version anglaise du wipe out des Surfaris. Si le simple Just like Eddie et le Ep tribute to Eddie Cochran marchent bien, il n’en va pas de même pour les autres disques. Pourtant on y remarque la présence de guitaristes comme Ritchie Blackmore sur Diggin my potatoes et I am not a bad guy et Jimmy Page à la slide sur Ain’t coming back « . autre point noir, les relations avec son mentor attendri vont se dégrader car Heinz se marie. L’ingrat ! le 7 février 1967, quand Joe Meek met fin à ses jours, son geste met également fin à la carrière de Heinz.

Dans les années 70 plus personne ne s’intéresse au blond chantant qui occupe alors de modestes emplois chez Ford et aux chemins de fer britanniques. Il ne se produira plus que dans des revivals devant une foule qui ne le bombarde plus de haricots, mais le considère comme une figure quasi emblématiques des sixties. Dans un de ces festivals il retrouve même Jerry Lee Lewis qui ne le reconnaît pas car Heinz est brun maintenant et il porte une moustache ! en 1975 les ex Torandos dissous invitent Heinz pour réenregistrer Telstar (SRT S 75350), couplé à Red rocket, un morceau inédit des sixties. Le label est celui de Gbellamy. On dit que la guitare de Heinz n’a pas été branchée ce jour là ! et d’autres d’ajouter elle n’a jamais été branchée !

Vers la fin des années 80, Heinz est affecté par de graves troubles neurologiques et une dystrophie musculaire (myopathie). C’est sur une chaise roulante et pourtant souriant qu’il apparaît en 1992 lors d’un hommage à Joe Meek. Ironie du sort, ce jour là nous assistons à la dernière prestation d’un autre sociétaire du 304, le (bien) nomme Screamin Lord Sutch, disparu à nos yeux (et à nos oreilles) le 16 juin 1999. Après bien des déboires, dont deux divorces, Heinz vit désormais seul dans un triste council (HLM), entouré des souvenirs de sa gloire éphémère et n’ayant pour ressources qu’une maigre pension. Parfois, la police lui rend visite car sur sa chaîne, réglée à fond, il passe ses anciens disques. Il n’a jamais caché son funeste sort qui en briserait plus d’un et cette leçon de courage laisse ses détracteurs à leur vanité. Que le mal pour lui se fait lourd, il y succombe le 7 avril 2000, oublié de tous. Que la rock music se montre parfois cruelle envers les plus déshérités de ses enfants. Triste fin pour un ange blond.

Jean BACHELERIE

Discographie (60)

  1. (Pas de titre) (Decca F11652)
    Dreams do come true / Been invited to a party.
    Mai 1963
  2. (Pas de titre) (Decca F11693)
    Just like Eddie / Don’t you knock at my door.
    Juillet 1963
  3. (Pas de titre) (Decca 11768)
    Country Boy / Long tall jack.
    Novembre 1963
  4. (Pas de titre) (Ep Decca DFE8559)
  5. Live it up Live it up / Don’t you understand / Dreams do come true / When your loving goes wrong.
    Novembre 1963
  6. (Pas de titre) (Decca F11831)
    You were there / No matter what they say.
    Fèvrier 1964
  7. (Pas de titre) (Lp Decca LK 4599)
  8. Tribute to Eddie Tribute to Eddie / Hush a bye / I ran all the way / Home / Summertime blues / Don’t keep picking on me / Cut across shortly / Three steps to heaven / Come on and dance / Twenty flight rock / Look for a star / My dreams / I remember / Rumble in the night / Just like Eddie.
    Mars 1964
  9. (Pas de titre) (Decca F11920)
    Please little girl / For lovin me this way.
    Juin 1964
  10. (Pas de titre) (Columbia DB 7374)
    Questions I can’t answer / The beating of my heart.
    Octobre 1964
  11. (Pas de titre) (Columbia DB7482)
    Diggin my potatoes / She ain’t coming back.
    Février 1965
  12. (Pas de titre) (Columbia)
    Don’t think twice it ‘all right / Big fat spider.
    Avril 1965
  13. (Pas de titre) (Columbia DB 7656)
    End of the world / You make me feel so good.
    Juillet 1965
  14. (Pas de titre) (Columbia DB7779)
    Heart full of sorrow / Don’t worry baby.
    Novembre 1965
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