Colin GREEN

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Nous avons rencontré Colin Green en 1993 à Londres à la Convention Instrumental de Pipe Line, où il retrouvait pour la première fois sur scène ses anciens potes Gladiators, comme Mike Nero O Neal. En 1995, de nouveau au même endroit toujours avec les Gladiators qui comprenaient cette fois là Bobbie Woodman Clarke à la batterie.

Pour être complet nous allons rajouter que Colin a joué avec Eddie Calvert de 62 à 64, l’un des chefs d’orchestre les plus réputés en Grande Bretagne, avec Bob Azzam de 64 à 66 à Genève, a fait les arrangements des musiques de film de Entertaining Mr Sloane, The Garnett Saga et O Lucky man avec Alan Price. En 1975 ce fut une tournée avec John Barry au Japon et une série d’enregistrements aux USA, dont des tubes pour Juan Pardo. 1975/77 tournées avec Charles Aznavour et enregistrements à Londres.

Les principales musiques de Film enregistrées: Chaplin, Philadelphia, Man Without face, The Italian Job avec Quincy Jones,de même que Mc Kenna’s gold, Goldfinger, the man with the golden gun avec John Barry,Hurricane avec Paul Mac Cartney et George Martin,live and let die , White Mischief, We are no Angels, Memphis Belle avec George Fenton, The games avec Francis Lai.

Quelques artistes accompagnés en disque: Elton John, Paul Simon, Claude François, Joe Dassin, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, Art Garfunkel, Gene Vincent, Kiri te Kanawa, James Galway, Henry Mancini, Georges Zamphir, Tom Jones, Rock Hudson, Brigitte Bardot, et Rex Harrison.

Pour conclure Colin joue toujours dans les nombreuses comédies musicales qui passent à Londres.

Jean BACHELERIE

Interview

J’ai commencé à jouer de la guitare un peu par accident en 1952, j’avais 9 ans. J’avais appris à jouer du piano avec ma tante, Ada, qui jouait à l »Eglise. Un jour en 1952 ma tante m’a montré la guitare de mon père mort en 44 à la guerre. Ma tante Ada a conservé beaucoup de souvenirs de mon père.

J’ai été de suite attiré par cet instrument, sa forme, sa sonorité, et l’image que je m’en faisais. Je suis tombé amoureux de la guitare de mon père, j’étais fasciné. Ce fut le coup de foudre. Sans avoir jamais appris j’ai su instinctivement la tenir, l’accorder et la faire jouer. C’était pour moi un trésor j’ai immédiatement commencé à jouer les morceaux que j’avais appris au piano. Je jouais tous les dimanches lorsque j’allais rendre visite à tante Ada. C’était le meilleur moment de la semaine, ce moment auquel je pensais toute la semaine.

A onze ans je suis rentré au Lycée, c’est là que j’ai découvert la musique populaire, les airs à la mode. Mon prof de musique, Chris Wilson, a reconnu mon talent naturel et mon sens du jazz et blues. Il a passé beaucoup de temps aprés les cours à m’expliquer et présenter les bases de la musique moderne. Puis je transposais cela à la guitare, ce fut le début de mon éducation musicale.

 Quel fut le premier style de musique qui t’a marqué ? 

A cette époque le « skiffle » était populaire, c’est ainsi que je suis entré dans un groupe local appelé the Canal Street Ramblers, (quelque chose comme les promeneurs de la rue du canal), qui comme le M. Jean Bachèlerie le suggère jouait du New Orleans blues autant que du skiffle. On jouit dans beaucoup d’endroits où les gens dansaient, ainsi qu’à des fêtes et nous allions aussi loin que Londres, où nous avons participé à un concours qu’en fait nous avons gagné.>

 Comment es tu passé à l’étape suivante ? 

En fait je brûlais de devenir un musicien professionnel, jouant à Londres avec les grands du Rock naissant.
Je commençais à faire l’école buissonnière, et à me rendre à Londres, où j’allais dans les Coffe Bars et jouais sur les disques qui passaient au Juke box. C’est comme cela que j’ai appris les solos des disques de Buddy Holly, Presley, Gene Vincent et autres…

J’ai été remarqué par Larry Parnes, le manager de Tommy Steele et Marty Wilde. Quelqu’un lui avait dit qu’il avait vu un jeune guitariste qui accompagnait et jouait les morceaux en les écoutant.. Il m’a écouté et s’est montré impressionné par ma dextérité à jouer instantanément n’importe quel disque qui passait. Il m’ a offert un job comme chef d’orchestre guitariste de sa nouvelle vedette Billy Fury. Comme test il m’a offert mon premier gala professionnel, accompagner Billy Fury et Marty Wilde au concert des trophées de New Musical Express au Royal Albert Hall , c’était en septembre 1959, j’avais juste 16 ans.

 Quels étaient les autres musiciens ? 

Le groupe qui accompagnait Billy, Colin Green’s Beat Boys, comprenait: Bobby Woodman (Clarke) à la batterie, Tex Makins à la basse, Alan Leclaire au piano et moi même à la guitare. Alan Leclaire nous a quitté peu aprés, et il fut remplacé par un autre gars de Leigh, dans le Lancashire, Clive Powell. Il fut rebaptisé par Larry Parnes, Lance Fortune. Pour je ne sais quelle raison ce nom n’allait pas, alors il le dénomma Georgie Fame, nom qu’il porte encore aujourd’hui.

 Ton premier disque ? 

A peu prés à ce moment là, un groupe dénommé Glen Stuart & the Clansmen, un groupe de country, a fait appel à mes services au studio de Lansdowne à Londres. C’est un studio où je joue encore 37 ans plus tard! J’étais si fier et me sentais privilégié de pouvoir jouer dans un studio si réputé, parmi les meilleurs musiciens du Royaume Uni, si ce n’set du monde. Cela m’a marqué, j’étais heureux j’aime tant la musique.

 Les tournées ? 

Avec Billy Fury on tournait beaucoup, on est même passé à L’Olympia au même programme que Chubby Checker à l’Olympia à Paris en 1960. Je me suis lié d’amitié avec Georgie et il m’a présenté à ses copains de Leigh, dont Mike O’ Neill qui rentrait juste d’une tournée en Italie. En plus d’accompagner Billy, on accompagnait aussi les chanteurs Américains en tournée: Gene Vincent, Eddie Cochran et biens d’autres.

 Quel souvenir gardes-tu de Gene Vincent ? 

C’était proprement incroyable pour moi, de me retrouver à accompagner les grands du Rock comme Gene Vincent.. Il était trés dynamique sur scène, sa voix , son jeu de scène étaient uniques. Mais en dehors de la scène, Gene était difficile à vivre avec son tempéramment trés lunatique. On a tourné en Angleterre et en Ecosse, puis on a fait un arrêt avec Gene à Londres pour enregistrer au Studio Abbey Road, Pistol Packin Mama, et Weeping Willow avec Georgie au piano, Red Reece à la batterie, Vince Cooze à la basse et moi même à la guitare solo, nous étions accompagné par les violons de Norrie Parramor.

Cochran a eu une influence énorme sur nous tous. Il était un garçon extrêmement gentil toujours de bonne humeur et fou de musique. Et il jouait de la guitare de manière fabuleuse ! Il nous a ensigné divers techniques nouvelles et fascinantes, on parlait des heures de son expérience à Los Angelés dans le monde des studios, qui était notre rêve à tous.

 Comment es tu devenu un Gladiator ? 

Mike O’Neill a signé pour son groupe un contrat avec une maison de disque, et il m’a demandé si je voulais faire son premier disque , j’ai dit oui et on a enregistré Entry of the Gladiators et Boots aux studios IBC.

Aprés j’ai joué un peu avec eux en tournée mais pas toutes, et j’ai enregistré Czardas et Trek to Rome ainsi que l’inédit Caldonia. En effet je continuais à diriger les Beat Boys de Billy Fury, qui maintenant s’appelaient The Blue Flames, pour utiliser les mêmes initiales que Billy Fury. Puis un jour Billy Fury nous a jeté, car sous l’influence d’Eddie Cochran, plus cool, mieux adapté à Ray Charles, qu’au Rock demandé par Billy.

Alors nous avons rejoint Al Watson, un saxo tenor, qui nous a invité à venir jouer avec lui au Flamingo Club à Londres. On s’est alors appelé Georgie Fame and the Blue Flames, et ce fut le succés immédiat. On a enregistré Yeah yeah, nous étions fin 64 et ce tube est devenu N° 1 occupant les premières places pendant prés de 3 mois !
Cela nous a permis de tourner en Amérique, Australie, Scandinavie, Allemagne, France, où on a joué à Paris et Lyon et sommes passé à la radio et à la TV.

 Quelle musique préfères-tu ? 

J’aime encore tous les genres du classique au Jazz en passant par le Rock. J’adore jouer tous les types de musique, mais j’ai peut être un petit faible pour la musique Sud Américaine en particulier Brésilienne.

 Ton morceau instrumental préféré ? 

Je pense que c’est probablement Room 334 par Larry Carlton. Mon morceau préféré des années 60 ce doit être Green Onions par Booker T and the M.G’s.

 Mon meilleur souvenir de séance d’enregistrement? 

C’était en 73/74 l’ enregistrement d’ un album avec Alan Price. Nous avions joué une partie de la nuit, et nous nous sommes mis à jouer un blues fantastique, le courant passé avec Alan et les musiciens, nous nous comprenions merveilleusement bien.

 Ta guitare préférée ? 

En fait je n’en ai pas , mais je prends de plus en plus de plaisir à jouer de la guitare sèche.

 Quel rôle a joué Joe Meek ? 

Il a eu une influence énorme dans le monde des studios d’enregistrement. Il était le premier ingénieur du son à écouter les musiciens et à chercher jusqu’à ce qu’il trouve la bonne sonorité. A cette époque d’avant les synthétizeurs, il fallait créer la sonorité et des gens comme Joe, avec son talent et son imagination, ont complètement modifié la pensée et l’approche de la musique populaire.

 Qu’est ce qui caractérisaient les groupes instrumentaux dans les années 60 ? 

Ils avaient tous une chose en commun, ils jouaient pour le plaisir, pour l’amour de la musique, l’aspect financier était tout à fait secondaire. Cela est remarquable pour tous les disques de l’époque, que les musiciens fussent doués ou non. Chacun cherchait une idée originale et un son nouveau juste pour la beauté de la musique et rien d’autre.

 Peut on comparer les musiciens des 60’s avec ceux d’aujourd’hui? 

Ceux d’aujourd’hui sont meilleurs techniquement, mais à l’époque nous compensions par les sentiments que nous exprimions.

 Aimes-tu toujours jouer du Rock and Roll? 

Oh oui j’adore jouer du R’n R.

 Ton ambition ? 

Continuer à apprendre, jouer des styles aussi différents que possibles et je le souhaite ne jamais perdre mon enthousiasme à jouer en public.

 Que fais-tu ? 

Je joue souvent avec un quartet comprenant une harpe, une contrebasse, batterie et moi à la guitare classique, nous jouons de la musique Brésilienne.

 Préfères-tu les séances d’enregistrement ? 

Non, aujourd’hui les studios d’enregistrement sont devenus un monde artificiel pour les musiciens, un monde factice. Avec l’enregistrement multipistes, enregistrer ne signifie plus grand chose, s’il y a des erreurs, on les corrige plus tard, on peut ainsi bricoler complètement des solos, il ne reste plus rien de la spontanéité et du sentiment qu’expriment le musicien. La production est complètement aseptisée au point d’être stérile et fade. Il n’y a guère plus qu’un endroit où l’on peut encore s’éclater, c’est pour les musiques de films et d’émissions de TV, où l’on retrouve quelques uns des plus talentueux musiciens actuels.

 Que devient Georgie Fame ? 

Il fait toujours des tournées et passe son temps entre le Royaume Uni,l’Australie et la Suède et Danemark où il est toujours trés populaire. Il se fait accompagner entre autres par ses 2 fils l’un à la batterie, l’autre à la guitare.

 La musique française ? 

Je ne suis plus trés au courant, j’aime toujours Brel, Bécaud et Dutronc.

 Tu as joué dans de nombreux tubes, ton préféré ? 

Your song par Elton John.

 The Gladiators ? 

Avec Mike O’Neil et Bobby Woodman Clarke, et Ray Smith on se prépare à faire un nouvel Album, un mélange de reprises et de nouvelles compositions.

Merci Colin.

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