Babik REINHARDT (France)

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Adieu Babik
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Jean BACHELERIE (janvier 2002)

Interview

Comment es-tu devenu guitariste ? 

B.R. : Mon père m’a offert ma première guitare lorsque j’avais trois ans. Mais en fait mon père voulait que je joue du piano. Il m’a fait apprendre le piano dés mon plus jeune âge. Il pensait qu’ainsi ie pourrais toujours gagner ma vie en jouant du piano bar !

Je suis venu à la guitare vers 15 ans. Pour moi le choc fut lorsque j’ai écouté Jimmy Raney, puis Tal Farlow, et plus tard Wes Montgomery, John Coltrane, Mingus. Quand j’avais une douzaine d’année, je n’aimais pas ce que jouait mon père. C’est le jazz américain, les guitaristes d’outre atlantique qui m’ont accroché. Cela correspondait à l’ambiance de l’époque, c’était la musique de ma génération. C’était aussi plus facile déjouer à l’américaine que comme mon père. Je suis tombé dans la guitare par mon père, la famille. Le plus difficile ce fut de ne pas faire du Django, de toute façon cela n’aurait pu être que moins bien. Alors J’ai cherché mon style, mon chemin.

A la grande époque du Blue Note, j’ai eu la chance de rencontrer Kenny Clarke, Bud Powell .. .C’était unique.

 Comment as-tu appris la guitare? 

B.R. : Au début c’est Mitsou, le fils d’Eugène Vées, qui accompagna mon père au hot club de France, qui m’a appris les premiers accords. Puis ce furent Laro Solero et René Mailhes, l’ami des jours sombres, qui ont beaucoup contribué à mon apprentissage. > Q,As-tu une guitare préférée ? B.R. : Je joue avec une Gibson 175D. j’ai aussi une Hoffiier 1946 que m’avait offerte un cousin, que j’ai fait rénovée. J’utilise des micros Piazzo. L’instrument est important pour le confort, mais le son, on l’a au bout des doigts.

 Parmi les nombreux disques que tu as enregistré il y a « les succès de Django 

Reinhardt » avec le Quintet de Paris (Powder CD 6654 réédité en 1991). Qui était membre du Quintet ?Q, B.R. : Nous avons enregistré cet album en 1974 et je ne savais qu’il était ressorti en cédé. Il y avait Marc Hemmier au piano, Alby Cullaz à la basse, Marcel Sabiani, à la batterie, et au saxo Alain Guersi, un dentiste de son état, il jouait à la Stan Getz et Roger Berthier le violoniste.

 Ta carrière discographique avait commencé du temps du Golf-Drouot et du rock 

au début des années soixante (les deux 45 tours viennent d’être réédités ) ? B.R. : Ah oui avec Jacques Verrières, « mon grand frère » , René Mailhes, Laro Solero, et Michel Gauchet, nous avons formé en 1961 Glenn Jack et les Glenners ! Nous avons enregistré un disque en 1962, puis j’ai arrêté pour rester dans le jazz. Ils ont continué jusqu’en 1963/64 je crois. Après j’ai enregistré à la demande de Charles Delaunay, avec le trio Arvanitas chez Vogue « Swing 1967 », suivi de » Joue Sidney Bechet « à la demande de Vogue. Après je me suis un peu éloigné du monde des studios, j’ai fait de la scène dont une belle tournée de 6 mois aux Etats Unis.

En 1973 j’ai enregistré Sinti Oun Brazil avec Femando Martins chez CBS. La musique brésilienne m’a attiré et m’a beaucoup influencé.

Puis en 1974 à la demande du public et de EMI j’ai enregistré Sur le chemin de mon père réédité en cédé chez Powder. Puis je suis resté quelques années loin de la scène et des studios.

 Comment es-tu revenu à la musique? 

B.R. : La famille, les festival de Samois, et les amis musiciens comme le violoniste Didier Lockwood, Stéphane Grappelli qui m’a demandé de l’accompagner sur son album Anniversary concert en 1983. et aussi Larry Coryel, Christian Escoudé, Birelli Lagrene.

 Les grands moments de ta carrière ? 

B.R. : L’album avec Stéphane Grapelli qui fut le partenaire incontournable de mon père, le festival de Jazz de Montréal, le festival de jazz de Freiburg en 1987, j’y ai joué en duo avec Birelli Lagrene, le festival de Belgrade où je suis passé devant prés de 5000 personnes en première partie de Count Basie.

Il y a eu aussi en 1997 une nouvelle tournée aux Etats Unis, et un album enregistré là bas night in Conover.

Enfin en 1999 j’ai accompagné Françoise Hardy sur l’album… .où je joue sur la version chantée de Tears ( comme de l’eau claire) une composition de mon père.

En 1990 Babik a composé la musique des films « Le Prix du Silence » de Jacques Ertaud et « Mohamed Bertrand Duval » d’Alex Métayer) (NDLR).

 Tu vis dans le Var, est ce que c’est un retour sur les pas de ton père, de ta 

famille ?Q, B.R. : j’ai longtemps vécu dans la région parisienne et à Samois. Un jour j’ai en eu marre, j’ai eu envie de retrouver le midi et la région de Toulon, où j’avais vécu une partie de mon enfance. J’ai beaucoup de souvenirs qui me lient à cette région, j’y ai toujours conservé des contacts des amis. Là je me retrouve dans mes murs.

 Ta carrière ne soufre-t-elle pas de ton éloignement de Paris ? 

B.R. : Non pas vraiment je joue beaucoup plus à l’étranger qu’à Paris, d’autant que je n’aime pas jouer dans les Clubs. Je joue en Italie un peu, dans les pays Scandinaves beaucoup, aux Etats Unis de temps en temps, en Allemagne et en Hollande où le public a une forte culture musicale et la communauté de gitans est musicalement très active. Une autre région où je joue avec plaisir c’est la Norvège, la Suède, la Finlande et le Danemark. Jon Larsen et sa maison de disque Hot Club Records font vivre dans les pays Scandinaves, ce jazz que nous aimons tous. Il y a un pays où je n’ai jamais joué, c’est l’Espagne.

 Ton fils David semble vouloir poursuivre la tradition familiale ? 

B.R. : David est venu tout seul à la guitare, il a 15 ans je n’ai pas voulu l’influencer.. Le passage aux Masters de la Guitare en juin dernier au Palais des Congrès à Paris lui a donné envie de continuer. D est doué, iI s’y est mis et maintenant il travaille.

 Tu prépares un nouvel album ? 

B.R. : Oui en fait il est presque fait, mais il ne sortira pas avant 2002. C’est un disque avec Escoudé et Dorado Schmidt, il doit s’intituler le trio gitan. Nous jouons des compositions de chacun de nous, une composition de Stéphane Grappelli, une composition de Jo Privat et un medley de Django.

 Quels sont les guitaristes que tu apprécies ? 

B.R. : Pat Metheny, Larry Coryell, l’Argentin Luis Solinas, Sylvain Luc, Birelli Lagrène.

Merci Babik, nous attendons avec impatience le prochain album.

Interview réalisée le 11 Octobre 2001.

Quelques témoignages
 

 René Mailhes : ta relation avec Babik, est-ce que tu étais le grand frère ? 

R.M. : Non j’étais plutôt l’ami des mauvais jours. En 1980 après une longue absence, j’ai retrouvé Babik, il venait de découvrir Coltrane. J’avais une vingtaine de LPs, je les lui ai apportés et il les a gardés six mois. Au début en 59-62 c’est Laro Solero qui nous avait montré la voie, appris des trucs. J’avais appris aussi avec René Thomas, je transmettais ce savoir à Babik. Nous partagions notre savoir faire, nos expériences et notre passion pour cette guitare et cette musique qui allait être notre vie. Pour la tournée des Glenners, et le deuxième disque c’est Laro qui avait remplacé Babik. Nous étions frères de guitare, frères de musique en même temps que frère de sang. C’est le sang gitan qui coule dans nos veines.

 Jacques Verrières : Babik qui était-ce pour toi ? 

J.V. : Je l’ai connu quand il avait 13 ans, nous nous sommes rencontrés au début de l’été 57, à l’occasion d’un hommage à son père à LYON. Puis nous nous sommes vus de temps en temps, jusqu’au début des années 60, lorsque avec rené Maillhes et Laro Solero nous avons fondé les Glenners. Babik était de la partie. Puis il s’est éloigné, mais je suis resté proche de lui.nous étions amis, à la vie à la mort. Quand il habitait à Chaumont sur Oise, prés de Samois, j’allais souvent passer quelques jours chez lui. Là nous déconnions ensembles, nous jouions à la pétanque, nous jouions de la guitare, nous parlions de jazz. En fait Babik ne parlait que de jazz, ou de la nouvelle guitare qu’il venait d’acheter, des sons qu’il en tirait. Babik aimait mes chansons Mon pote le gitan et le temps d’Edith et Django, dont il m’avait fait les arrangements et l’orchestration, ce qui lui donne cette touche plus moderne . Il aimait tellement cette chanson, qu’après l’avoir enregistrée avec Patrick Saussois, il a voulu que Nathalie et moi nous enregistrions une nouvelle version, qu’il avait arrangée spécialement. J’ai gardé cet enregistrement resté inédit, il joue comme un dieu. Nous l’avions fait pour le plaisir. Il joue de manière inoubliable.

 Georges Arvanitas 

Cela fait beaucoup de peine de savoir que Babik nous a quitté. C’était un excellent guitariste, je l’avais bien connu à ses débuts, lorsque nous avons enregistré Swing 67. il jouait déjà très bien. Il nous a quitté trop tôt.

Remerciements à Christiane et Frank Hagège et à RDC records.

Discographie (CD)

  1. Sur le chemin de mon père (MFP CD 6654 Powder)
    Nuage / Minor Swing / Tears / Manoir de mes rêves / Swingtime in Springtime / Flèche d’or / Djangology / Anouman / Sweet chorus / PortoCabello / Swing 42 / Dînette / Lentement mademoiselle.
    Les succès de Django Reinhardt par le Quintet de Paris (Réédité en 1991)
  2. All love (1988RDC400012)
    All Love / incertitude / Mister Swing / One more Time / Wild Things / Baccara / Coltrane Memory / Free way / Samois / Canada Valse.
  3. Live 1989 (RDC 40003-2)
    Incertitude / Miroirs / Harmonizer for Timothee / Oh Samaba Lec / Ahchichebabkchiche / Alison / Un jour David / All love / Speedy junior.
  4. Nuances (1992) (RDC 400182)
    Nuances / Une Histoire simple / Cool Trane / Père / Ral Babik / Amis Blues / Afrique à la Quarte / Lousson / Où etes-vous / Birdy’s / Une histoire simple.
  5. Vibration (1995) (RDC 40045)
    Rue des Lombards / Lover / Round Midnight / Tribute to Messenger / Samba fa / Blues for Jacqueline et Simon / Night in Tunisia / No War.
  6. A night in Conover (1997) (RDC 40060.2)
    Micro / Tribute to messenger / The one 1 love / Ail love / summer in Corsica / Nuages / Cool Trane / Nuageux / Swing 42.
  7. Best of Baccara (1999) (RDC 40102)
    Rak Babik / Coltrane memory / Baccara(inédit) / Blues for J & S / Canada Valse / Cool Trane / Flèche d’or / Speedy Junior / Tribute to Messenger / Un jour David.
  8. New Quintette du Hot Club de France (1998) (Arco Iris 3001 811)
    Minor Swing / New for me / Tribute to Mingus / Micro / Mélodie pour Stéphane / Valse sentimentale / Nuages / Cheyenne / A la légère / Corail / Prétexte / Belleville.
    Avec Romane, Gilles Naturel, Florian Nicolescu, Doudou Cuillerier.
  9. Stéphnae Grappelli Anniversary Concert (1984) (WEA 9031 71134)
    Them there eyes / Round about Midnight / Pent Up House / Tiger Rag / Love for Sale, Minor Swing / HoneysuckIe Rosé / Are you in the Mood / Tears / It don’t mean a thing, Sweet Georgia Brown / Nuages-Daphné.
    Avec Svend Asmussen, Patrice Caratini, Philip Catherine, Marc Fosset, Marc Hemmler, Didier Lockwood, Jacques Sewing.
  10. Hot shots (1997) (Hot Club Records HRCD 102)
    Swing for Ninine / Dans le regard de Laura / Les yeux Noirs / Den Ensonune ULV / Ombre / Manoir de mes rêves / Nuits de St-Germain-des-Prés / Valse de Lacheben-Mintch Valse, Salla / Moppin the Bride / Cool Trane’l’ / In Memory of Danny Gatton / Swing 42.
    Avec Jimmy Rosenberg, Romane et Jon Larsen, Péter Frydenlund, Sveinb Aarbostad, Finn Hauge, Hervé Legay, John Jorgensen.
  11. The best of Hot Club de Norvège (1999) (Hot Club Records HCRCD 129)
    Time on my hands / Swing for Ninine / Guitaresque / The hot Canary / Flying Dutchmen / Fido / Ombre / Nuages / Dark Eyes / Lonely Wolf* / David / Blue Strings / Hot Licks / Karlov / Daphne / Pascal / Swinging with Jimmy / One for Sadao / hvite Véranda.
  12. Django Reinhardt NY Festival Live at Birdiand (2001) (Division One Atlantic 7567-83498-2)
    The Sheik of Araby / I can’t believe you ‘re in love with me / Swing 49 / Bei dir war es iœmer so schoen / It don’t Mean a Thing / Nuages* / Turkish delights / Angelo’s song / Gypsymania / I Can’t give you anything but Love / Une histoire simple* / Limehouse Blues.
    Avec J. Burr, R. Carter, B. Lagrène, F. Niculescu, B. Pizzarelli, J. Rosenberg, F. Vignola, J. Ascione, P. Malinveri et L. Williams.

 

Discographie

  1. Swing 67 (LP Vogue)

  2. Joue Sydney Bechet (LP Vogue)

  3. Sind oun Brazil (LP)

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